Ségolène : « J’oriente mon métier vers l’être et non le paraître »
Chez Fizimed, nous souhaitons aller à la rencontre de femmes qui font bouger les choses pour les autres femmes. Vous l’avez certainement déjà constaté en lisant les articles consacrés à Noémie, Odile ou encore Colette. Nous sommes très heureux de pouvoir vous présenter le profil de Ségolène qui est « Socio-coiffeuse ». Vous ne savez pas ce qu’est la socio-coiffure ? Alors vous êtes au bon endroit pour découvrir ce métier absolument bouleversant qui casse toutes les idées reçues que vous pouviez avoir sur les métiers de la coiffure.
La socio-coiffure, plus qu’un métier, une vocation
Bonjour Ségolène, peux-tu m’expliquer ton parcours en quelques mots ?
Alors j’ai un début de parcours très classique. J’ai commencé par un CAP coiffure puis j’ai enchainé avec un Brevet Professionnel. Après quelques formations de conseils en images, maquillage et barbier, j’ai obtenu en 2015 le diplôme de conseillère en communication et image. Ce qui est drôle dans mon parcours c’est que j’ai toujours voulu être coiffeuse. Pour moi, être coiffeuse c’était aller à la rencontre des gens, prendre soin d’eux, passer du temps avec eux. J’ai tout de suite voulu bifurquer après ma classe de 3ème. Mais comme j’étais bonne élève, les professeurs ont tout fait pour me faire changer d’avis. Mais j’étais déterminée et mes parents étaient d’accord avec moi donc j’ai pu faire ce que j’aimais tout de suite ! C’est pour cela qu’à 25 ans, je peux dire que je travaille depuis 7 ans.
Différence entre coiffure et socio-coiffure ?
Et comment passe-t-on de coiffeuse à socio-coiffeuse ?
J’ai toujours détesté tous les idéaux liés au métier de la coiffure. Etre la coiffeuse de service, très peu pour moi. Comme je le disais avant, pour moi être coiffeuse, c’est avant tout passer du temps avec mes clients. Je déteste être dans la performance. Je n’ai jamais été très fan des avant/après en coiffure, les grands changements, les bouleversements capillaires… Très tôt quand j’ai commencé ce métier, je voyais des coiffeurs développer des allergies à cause des produits. J’ai tout de suite voulu me tourner vers les produits naturels. Il y a 7 ans ce n’était pas du tout « à la mode ». J’avais une clientèle de personnes allergiques, de femmes enceintes et de personnes post cancer. En effet, les produits à base d’ammoniaque utilisés dans les salons classiques sont déconseillés. Et c’est uniquement depuis 3, 4 ans que je vois arriver des personnes au salon pour des raisons de valeurs, une volonté d’aller vers le bio… Bref c’est au cours de ces rencontres que j’ai voulu développer cette partie de mon métier en devenant socio-coiffeuse.
Une vocation, pas un métier
Le métier de socio-coiffeuse existe depuis 5, 6 ans. En discutant avec mes clientes post-cancer, elle m’expliquait qu’elles n’allaient plus chez le coiffeur par pudeur ou par honte. D’autres se demandaient ce qu’elles pourraient bien faire chez un coiffeur alors qu’elles n’avaient plus de cheveux ? C’est là que j’ai commencé à me poser des questions sur cette période de cancer. Les femmes revenaient en salon 6 mois après l’arrêt de leur traitement. Elles ont commencé à m’expliquer qu’elles avaient dû vivre cette épreuve seule. On ne se rend pas compte de la difficulté d’aller acheter une perruque, de demander à son entourage…
Certaines devaient demander à leur mari, leur sœur de leur raser la tête ou elles le faisaient elles-mêmes. Pour moi ce n’était pas envisageable de laisser ces femmes seules face à leur perte de cheveux. Bien entendu chaque femme ne perd pas ses cheveux pendant un cancer. J’ai eu envie d’accompagner ces femmes dès l’annonce de la maladie.
Je voulais que ces femmes sachent que j’étais là pour elles. Je me suis formée au shiatsu crânien pour les soulager, leur apporter du bien-être. Ce n’est pas thérapeutique, c’est juste pour la détente. On touche juste au crâne. Je veux qu’elles se sentent bien. Alors il y a des femmes qui assument cette chute de cheveux et le vivent bien. Moi je m’occupe de celles qui ont besoin de ça.
Quelle formation s’offre aux coiffeurs qui veulent devenir socio-coiffeurs ?
J’ai donc fait une formation de socio-coiffure. Une semaine par mois pendant 6 mois. J’ai été formée par une infirmière et par une psychologue pour apprendre à gérer les gens. Je pense sincèrement que tous les coiffeurs devraient avoir accès à cette formation. Car lorsqu’on ne va pas bien, souvent, on va chez le coiffeur. On ne se rend pas forcément compte de ce qu’on doit gérer parfois. Je me souviens d’une femme qui est arrivée au salon, elle voulait tout couper, faire un changement radical. Elle est sortie fumer 8 fois. Je n’ai pas pu accepter sa demande. J’ai voulu comprendre pourquoi elle voulait ce changement. Finalement, elle était en pleine dépression et ce changement n’allait rien lui apporter. Donc on a parlé, on a décidé de faire le strict nécessaire parce que ce n’était finalement pas le moment pour elle.
Bref je me suis lancée à 200% dans ce projet, tout mon entourage pensait que je n’allais pas y arriver. C’est vrai que j’avais peur d’être trop sensible mais en fait non. Ca me fait du bien et je suis capable de m’occuper d’enfants malades. Et pourtant, je ne pensais pas en être capable.
Depuis que j’ai commencé la socio-coiffure, je me rends compte qu’on attire les gens qui nous ressemble. J’ai vécu tellement des belles rencontres. J’ai l’impression de tous les connaître alors que parfois que je leur parle uniquement par téléphone ou par sms. Sincèrement, j’en avais assez d’être « la coiffeuse », alors que là je suis dans leur vie.
Quand je m’occupe de personnes handicapées, c’est génial parce que je prends le temps d’être avec elles. Je les écoute, je les mets à l’aise. Je m’occupe également des enfants au foyer de l’enfance et pour eux je ne suis pas la coiffeuse qui est rentable, qui fait du chiffre, je suis là pour eux rien que pour eux dans un temps donné.
En savoir plus sur Ségolène
Et comment prend-on contact avec toi Ségolène ?
Tout simplement en se rendant sur mon site lesciseauxdesego.fr et j’organise le 5 octobre à Strasbourg une journée aux profits de la recherche contre le cancer du sein « On Pose Pour le Rose » avec 2 amies. L’idée est de venir prendre la pose devant une photographe strasbourgeoise, avec une mise en beauté makeup ou coiffure réalisée par moi-même en échange d’un don et d’en profiter pour passer un moment de bienveillance et de convivialité tout en faisant une bonne action. Donc vous pourrez me rencontrer là-bas si vous passez !