Tout savoir sur le prolapsus féminin
Le Dr Marine Lallemant rencontre quotidiennement des patientes souffrant de prolapsus , ou descente d’organe. Une pathologie bien plus répandue qu’on ne le pense… Dans cet article, elle nous parle de cette pathologie plus en détail.
- 1 Qu’est-ce que le prolapsus génital ?
- 2 Les différents types de prolapsus chez la femme
- 3 Comment survient une descente d’organe ?
- 4 Quelles sont les causes d’un prolapsus ?
- 5 Les symptômes du prolapsus féminin
- 6 Comment éviter la descente d’organe ?
- 7 J’ai une descente d’organe : que faire ?
- 8 Prolapsus et rééducation périnéale
- 9 La chirurgie du prolapsus génital
Qu’est-ce que le prolapsus génital ?
Un prolapsus est la conséquence d’une mobilité excessive d’un ou de plusieurs organes du petit bassin. On appelle couramment cette pathologie la descente d’organes.
Concrètement, les organes pelviens chez la femme doivent présenter un certain degré de mobilité. C’est indispensable pour assurer les fonctions urinaires, rectales, digestives et reproductives. Ainsi, une limitation ou, au contraire, un excès de mobilité peut être invalidant.
Lorsqu’une femme souffre d’un prolapsus génital, un organe de son pelvis (vessie, utérus, rectum) glisse alors vers le bas. Autrement dit, dans le vagin.
Dans les cas les plus sévères d’une descente d’organes, il peut même s’extérioriser au-delà de la vulve. C’est le quatrième et dernier stade du prolapsus.
Il est aussi possible que plusieurs organes descendent en même temps. Toutefois, notez qu’il est difficile d’évaluer la fréquence de cette pathologie. D’après les études, elle toucherait entre 4 et 97 % des femmes. Les chiffres varient selon la méthode de recueil des informations (questionnaire ou examen clinique).
Les différents types de prolapsus chez la femme
Ensuite, il existe plusieurs formes de prolapsus. Tout dépend de l’organe pelvien qui descend. On parle ainsi de :
- Cystocèle pour la descente de la vessie. Dans ce cas de prolapsus, la patiente peut alors présenter des fuites urinaires, des difficultés à uriner et des infections urinaires fréquentes.
- Urétrocèle, pour un prolapsus de l’urètre. C’est le stade qui précède la cystocèle, lorsque seul le conduit d’évacuation de l’urine descend dans le vagin.
- Hystérocèle ou hystéroptose, pour désigner un prolapsus utérin. La descente de l’utérus dans le vagin résulte le plus souvent de traumatismes obstétricaux. Il est également possible que les ligaments utérins soient trop faibles.
- Rectocèle pour la descente du rectum. Une incontinence anale (gaz et/ou selles) peut alors survenir.
- Entérocèle, si le prolapsus touche l’intestin. Il cause potentiellement une constipation.
Comment survient une descente d’organe ?
Pour mieux appréhender le processus de descente d’organes, faisons d’abord un point anatomique. En pratique, un triple système maintient les organes pelviens à l’intérieur du tronc :
- Les muscles du plancher pelvien (ou périnée). Ayant la forme d’un hamac, ce système de soutien va du pubis au coccyx. C’est sur ce groupe de muscles que reposent les organes du pelvis (vessie, utérus, rectum).
- Les ligaments. Ils agissent comme un système de suspension et d’ancrage des organes pelviens sur les os du pelvis.
- Les fascias, qui jouent un rôle de cohésion entre les organes du pelvis.
Ainsi, l’intégrité de tout ce système est essentielle pour assurer un équilibre correct. Il doit à la fois être assez souple pour s’adapter à la grossesse et à l’accouchement. Mais également solide pour résister aux pressions voire hyperpressions abdominales.
Or, il arrive que les muscles du plancher pelvien ou les ligaments se relâchent. Ce relâchement entraîne alors une descente des organes, qui vont appuyer sur la paroi vaginale et la déformer. Descente qui ira parfois jusqu’à l’extériorisation hors du vagin.
Quelles sont les causes d’un prolapsus ?
D’abord, sachez que les facteurs favorisant la descente d’organe peuvent être modifiables ou permanents.
De manière générale, les facteurs déclencheurs et/ou aggravants sont multiples :
- Les grossesses, surtout lorsqu’elles sont multiples et/ou répétées.
- Les accouchements par voie naturelle répétés et/ou difficiles.
- Accouchement avec un long travail.
- Accouchement difficile avec une déchirure sévère au niveau du périnée.
- Episiotomie médiane.
- Poids élevé du nouveau-né.
- La ménopause qui induit un relâchement des muscles et des ligaments.
- Une opération chirurgicale d’un organe pelvien.
- L’ hyperpression abdominale répétée : surpoids, port de charges lourdes, activités sportives intensives, constipation, toux chronique ou encore sédentarité.
- Une maladie causant un déficit en collagène, protéine indispensable à la cohésion, au soutien et à la solidité des tissus. Par exemple, le syndrome d’Ehlers Danlos vasculaire.
- Les atteintes neurologiques du plancher pelvien (spina bifida, syndrome de la queue de cheval, etc.)
Enfin, une femme peut développer un prolapsus à tout moment de sa vie. Cependant, la fréquence augmente avec l’âge, notamment après 50 ans. D’ailleurs, le risque de chirurgie pour un prolapsus après 70 ans est de 11 %.
Les symptômes du prolapsus féminin
Maintenant, voyons quels sont les symptômes de la descente d’organe. Les plus fréquents sont la sensation d’une boule vaginale et la sensation de pesanteur.
La patiente peut aussi présenter des symptômes urinaires tels que l’incontinence urinaire (fuites d’urine) et la pollakiurie (mictions fréquentes). Sans oublier les urgenturies (besoins urgents d’uriner) et les troubles de la vidange vésicale. Dans ce cas, elle rencontre des difficultés à uriner et/ou à vider entièrement sa vessie.
Des troubles ano-rectaux peuvent également survenir. Par exemple : constipation, difficultés à évacuer le contenu du rectum ou incontinence anale (fuite de gaz ou de selles).
Certaines patientes effectuent même des manœuvres manuelles pour uriner ou déféquer, voire pour repousser la descente d’organe dans le vagin.
Saignements, douleurs, fuites d’urine, gaz vaginaux lors des rapports ou encore perte de sensation… Des troubles pendant les rapports sexuels sont aussi des symptômes possibles.
Tous ces symptômes altèrent donc la qualité de vie des femmes et impactent leur quotidien (activité physique ou sexuelle, bien-être…). Ils peuvent même devenir un véritable handicap fonctionnel, psychologique ou social.
Comment éviter la descente d’organe ?
Pour éviter une descente d’organe, il faut d’abord adopter une bonne hygiène de vie , à tout âge :
- Eviter le surpoids en ayant une alimentation équilibrée.
- Adapter les activités physiques et sportives.
- Eviter de porter des charges lourdes à répétition.
- Prévenir et traiter la constipation.
- Traiter la toux chronique et éviter de fumer.
Ensuite, la grossesse et surtout l’accouchement fragilisent le périnée . C’est pourquoi il faut le préserver dans les semaines qui suivent la naissance. Le rendez-vous de suivi postnatal (6-8 semaines après l’accouchement) permet ainsi d’évaluer la présence d’une incontinence ou d’un prolapsus.
En général, gynécologue propose alors une rééducation périnéale et abdominale du post-partum. Quel que soit l’état de la patiente, ces séances l’aideront à guérir ou à prévenir les troubles pelviens.
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J’ai une descente d’organe : que faire ?
Pour savoir si vous souffrez effectivement d’une descente d’organe, il faut réaliser un examen clinique. Une simple auscultation peut suffire.
Mais généralement, le professionnel de santé réalise aussi des examens complémentaires, comme une échographie pelvienne ou un bilan urodynamique. Cela dépend notamment du type de prolapsus et de son stade d’avancement.
Une fois le diagnostic officiel, que faire pour éviter une opération pour descente d’organe ? En amont, il faut d’abord identifier les facteurs responsables ou aggravants. Puis, on envisage des traitements conservateurs pour soulager la patiente sans recourir à la chirurgie.
Premièrement, vous devez respecter des mesures hygiéno-diététiques . Une perte de poids, une alimentation plus équilibrée et une activité physique adaptée (gymnastique douce, natation) sont de bonnes solutions.
Rappelons également l’importance de ne pas porter de charges lourdes et de traiter tout problème de constipation ou toux chronique.
Puis, peu importe votre âge et le stade du prolapsus, le médecin peut aussi proposer l’utilisation d’un pessaire. Il s’agit d’un dispositif en silicone ou en latex à introduire dans le vagin.
En remontant à l’intérieur, il aidera ainsi à maintenir les organes en place. Bien qu’efficace pour soulager les symptômes du prolapsus, le pessaire ne vas toutefois pas en traiter la cause.
Enfin, on peut également associer un traitement hormonal local au pessaire (oestrogénothérapie locale). Cette combinaison améliore notamment la tolérance en cas d’atrophie vaginale.
Prolapsus et rééducation périnéale
En complément, les professionnels de santé recommandent souvent une rééducation pelvi-périnéale. Les objectifs sont de prévenir ou de ralentir l’aggravation du prolapsus. Par la même occasion, renforcer le périnée va prévenir les risques d’incontinence.
De plus, la rééducation périnéale est très utile après une chirurgie du prolapsus. Autant pour favoriser le rétablissement du plancher pelvien que pour éviter une récidive.
De manière concrète, il s’agit d’une rééducation multifactorielle et globale, grâce à des contractions et relâchements du périnée. Elle améliore la tonicité du plancher pelvien, de l’abdomen et du diaphragme thoracique, et plus globalement la statique lombo-pelvienne.
Outre des séances avec une sage-femme ou un kiné, la rééducation du périnée comprend de l’auto-rééducation à domicile.
Dans ce cadre, vous pouvez alors utiliser un dispositif de biofeedback connecté, comme la sonde périnéale Emy. Elle vous aidera à améliorer vos exercices et à progresser de la bonne façon.
La chirurgie du prolapsus génital
Enfin, il se peut que les traitements conservateurs ne soient pas efficaces. Seul ou en complément, il faudra alors envisager une intervention chirurgicale pour remettre les organes en place.
En effet, l’opération est le dernier recours lorsque la descente d’organe atteint un stade avancé et cause des symptômes handicapants . Dans les cas particulièrement complexes, une équipe pluridisciplinaire de pelvi-périnéologie se concerte alors pour décider des modalités de l’intervention. Puis, le choix de la technique dépend de divers critères : symptômes , type de prolapsus, comorbidités, attentes de la patiente…
Bien sûr, la chirurgie s’associera toujours à une prise en charge des facteurs de risque modifiables.